Since Celtic times, Celtic Ireland has been haunted by banshees, messengers of the Other World, both protectors of lands and families and heralds of death, defeat and disaster. Every family has its banshee, which follows it wherever it goes, even when it embarks for the New World. The Irish people and their supernatural guardian powers have thus irrigated America. Today, however, the descendants of Irish migrants, when they claim to honour their origins, are content to celebrate St. Patrick’s Day, wearing a shouting scarf made in Indonesia, struck with a clover, marching through the streets to the sound of brass bands and drinking liters of Guinness in one of the imitation Irish pubs that dot the globe.

In terms of Irish heritage, however, what the United States needs today is not a reinterpretation of beer-impregnated synthetic fibres, but the voice of the banshees. What they lack is not the sense of Ireland Day, but the sense of tragedy.

Alas, years of over-consumption, self-glorification and various fanaticisms have taken their toll on the hearing of the great-grandchildren of Irish migrants. Few still hear the dire omens of their banshee. The banshee that once heralded the dead in battle is now forgotten, even as economic wars and environmental perils herald apocalyptic harvests of souls.

In his series “BANSHEE AMERICA”, produced during the (first?) period of containment due to the Covid-19 pandemic, David Crunelle looks at images of a serene and self-confident America, taken from National Geographic. He accompanies them with sentences taken from Time Magazine, published during this period, and, true to his habit, disturbs, triturates and alters them. Folk quilt-like decompositions, coloured parasites, masking with Indian ink, collage techniques are used to indicate the fragility of a world that is more dead than alive. Under blue or twilight skies, on the synthetic grass of golf courses, in the forests of vertical cities, on the clichés of ideal families or in the depths of wide open spaces, shadows slip in, like the joyful metastases heralding the suffering to come, like the insistent litany of the messengers of death who intend to remember America.

Most pieces are 20,5cm x32cm / 8x12.6in
Photo collage, acrylic, varnish on paper

Depuis l’époque celte, l’Irlande celte est hantée par des banshees, messagères de l’Autre monde, à la fois protectrices des terres et des familles et annonciatrices de mort, de défaite et de catastrophes. Chaque famille a sa banshee, qui la suit où quelle aille, même lorsqu’elle embarque pour le Nouveau Monde. Le peuple irlandais et ses puissances surnaturelles tutélaires ont de la sorte irrigué l’Amérique. Mais aujourd’hui, les descendants des migrants irlandais, quand ils prétendent honorer leurs origines, se contentent de fêter la Saint Patrick, affublés d’une écharpe criarde made in Indonesia, frappée d’un trèfle, de défiler dans les rues au son des fanfares et d’ingurgiter des litres de Guiness dans l’une des imitations de pub irlandais qui parsèment le globe.

Or, en termes d’héritage irlandais, ce dont les États-Unis ont aujourd’hui besoin, ce n’est pas d’une réinterprétation en fibres synthétiques imprégnées de bière, mais de la voix des banshees. Ce qui leur fait défaut n’est pas le sens de la fête de l’Irlande, mais son sens du tragique.

Hélas, des années de surconsommation, d’autoglorification et de fanatismes divers et variés ont eu raison de l’ouïe des arrières-petits-enfants des migrants irlandais. Rares sont ceux qui perçoivent  encore les funestes présages de leur banshee. Celle qui, autrefois, annonçait les morts au combat est aujourd’hui oubliée, lors même que les guerres économiques et les périls environnementaux annoncent d’apocalyptiques moissons d’âmes.

Dans sa série « BANSHEE AMERICA », réalisée pendant la (première?) période de confinement due à la pandémie de Covid-19, David Crunelle se penche sur des images de l’Amérique sereine et sûre d’elle, tirées du National Geographic. Il les accompagne de phrases tirées du Time Magazine, parues durant cette période, et, fidèle à son habitude, les perturbe, les triture, les altère. Décompositions façon quilt folk, parasites colorés, masquages à l’encre de Chine, les techniques du collage lui servent à indiquer la fragilité d’un monde plus mort que vif. Sous les cieux bleus ou crépusculaires, sur l’herbe synthétique des practices de golf, dans la forêt des villes verticales, sur les clichés des familles idéales ou dans la profondeur des grands espaces, des ombres se glissent, comme les métastases joyeuses annonciatrices des souffrances à venir, comme la litanie insistante des messagères de la mort qui comptent bien se rappeler au bon souvenir de l’Amérique.

WE SEEM TO BE IN A VERY DARK PLACE

AND THEN WE GET OUT”